Stress testing : comment se déroule le stress test ?
Issu du milieu bancaire, le stress testing est mis au point dans les années 1990. Il s’agit alors d’établir une méthode d’analyse capable de prendre davantage en considération les facteurs macro-économiques et l’influence qu’exerce leur détérioration dans la survenue des crises financières. Depuis cette période, le stress testing s’est démocratisé, prenant place dans les grandes entreprises. Son utilisation s’étend donc à présent à d’autres domaines d’activité que le secteur bancaire, tels que celui de l’énergie ou de l’assurance. Qu’est-ce que le stress testing ? Comment se déroule le stress test ? Quels en sont les objectifs ? Découvrez les aspects du stress testing et l’utilité de cette technique.
Qu’est-ce que le stress testing ?
Le stress testing, ou test de résistance en français, est une technique d’analyse financière poussée dont le but est d’estimer la capacité d’une entité financière à absorber un évènement aléatoire susceptible de mettre à l’épreuve sa solidité sur le marché dans le cadre de son activité.
Prévoir des évènements aléatoires de natures diverses
Plusieurs types d’évènements peuvent être envisagés. Il peut être question par exemple :
- D’une perturbation d’ordre économique, tel qu’un ralentissement de la croissance ;
- D’un grave évènement géopolitique, tel que l’émergence d’un conflit armé ;
- D’un bouleversement réglementaire, comme la séparation des activités de détail et d’investissement.
Les deux catégories de stress test
Le stress test peut être envisagé de deux façons et peut donc faire partie de l’une ou l’autre des deux catégories suivantes :
- Le stress testing microprudentiel teste la résistance des capacités de l’institution en la considérant de manière isolée ;
- Le stress testing macroprudentiel teste la résistance des capacités de l’institution d’une manière élargie, en prenant en compte les répercussions possibles de l’évènement subi par l’entité testée. On parle alors d’effet domino ou d’étude des risques systémiques.
Les 4 composantes d’un stress test
Un test de résistance complet comprend quatre volets, qui sont :
- Un ensemble d’expositions au risque ;
- Un scénario, qui détermine le type de choc ou d’évènement subi ;
- Un modèle, qui convertit l’évènement en une liste d’impacts et qui détaille leur propagation ;
- Une mesure de résultat qui prévoit les réactions de l’entité étudiée et son évolution suite à l’absorption du choc.
Les objectifs du stress test
Le stress test peut répondre à deux objectifs :
- Dans un premier temps, son rôle est de déterminer les points de vulnérabilité de l’institution testée. Le stress test mesure alors l’impact d’un choc macro-économique sur les volumes et les risques de crédit de l’établissement ainsi que sur la valeur de ses actifs et il évalue de cette façon son ratio de solvabilité ;
- Mais lorsque le stress test est réalisé en période de crise, son rôle est de déterminer de quelle façon il est possible de gérer cette crise et de savoir comment la résoudre.
Si les résultats du stress test ne sont pas satisfaisants pour un nombre important d’établissements financiers au sein d’un même pays, cela peut traduire une certaine fragilité du système bancaire de ce pays.
Stress testing : le scénario
La pratique prévoit que le scénario mis en place pour le stress test doit être à la fois sévère et plausible :
- Sévère pour avoir la certitude d’obtenir une réelle information sur les capacités de résistance au choc de l’institution visée ;
- Plausible pour que la situation imaginée par le stress test ait une possibilité de se produire, même si ce risque est infime.
Le scénario mis en place peut imaginer, par exemple, un ralentissement brutal de la croissance, voire une récession, une forte inflation, une hausse importante du taux de chômage ou encore une chute des marchés boursiers ou une augmentation des crédits non remboursés…
Stress testing : le modèle
Le terme « modèle » regroupe l’ensemble des processus et techniques utilisés pour convertir le scénario mis en place en impacts possibles. Cette conversion en impacts peut être élaborée en suivant une logique « top-down » ou une logique « bottom-up » :
- Le processus « top-down » est descendant. Il part de l’établissement étudié et l’analyse descend vers les ramifications pour s’étendre à l’ensemble des entités qui constituent le système. Dans un stress test descendant, l’établissement principal procède lui-même à l’application du modèle sur les autres entités.
- Le processus « bottom-up » est ascendant. Les analyses partent des sociétés qui sont sous l’autorité de l’établissement principal et remontent jusqu’à cet établissement, lui-même visé par le stress test. Dans le stress test ascendant, chaque entité reçoit un scénario dont elles doivent évaluer l’impact en interne.
En règle générale, la plupart des stress test sont menés simultanément de ces deux manières.
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Stress testing : la mesure de résultat
À l’issue du stress test, l’interprétation des résultats obtenus doit permettre de déterminer si l’établissement étudié est en mesure d’affronter une crise économique. Il s’agit ainsi d’évaluer ses besoins de liquidités ou d’estimer le capital nécessaire pour éviter une éventuelle faillite. Si le résultat du stress test n’est pas satisfaisant, l’établissement doit envisager d’augmenter ses fonds propres ou procéder à certaines restructurations, ce qui se produit d’ailleurs le plus souvent dans le cadre d’une gestion de crise. Finalement, s’agissant d’une banque ou d’un établissement financier, le stress test traduit l’évolution de sa solvabilité.
Mais il faut tout de même noter que le stress testing n’est pas une science exacte, car les projections dont il fait état se basent uniquement sur des suppositions. Cela signifie donc qu’un stress test satisfaisant ne traduit pas obligatoirement une absence totale de risque. D’autant plus qu’un choc plus violent que le scénario analysé peut toujours voir le jour et venir ainsi déjouer toutes les projections précédemment envisagées. Enfin, les stress tests bancaires étant rendus publics, ils ne peuvent se permettre d’afficher des résultats trop alarmistes. De trop mauvais résultats risqueraient, en effet, d’affoler les marchés et de les rendre instables. Par ricochet, cela pourrait bien provoquer une crise financière que le stress test est pourtant censé prévenir !