Quelle est la durée d’un cycle économique de Kondratiev ?
Nicolaï Kondratiev est un économiste soviétique mort en 1938, célèbre pour sa théorie des cycles économiques dits « cycles de Kondratiev ». Mais quels sont ces cycles et comment s’articulent les phases d’un tel cycle ? Quelle est la durée d’un cycle économique de Kondratiev ? Cette théorie est-elle pertinente ? Dans cet article, nous vous détaillons les différentes phases d’un cycle de Kondratiev. Découvrez également les faiblesses que présente cette théorie et voyons si d’autres théories économiques peuvent compléter ou infirmer celle des cycles de Kondratiev.
Le cycle économique de Kondratiev
Dans les années 1920, l’économiste russe Nikolaï Kondratiev a établi une théorie selon laquelle les économies capitalistes sont constituées de périodes successives qui se répètent tous les 40 à 60 ans. Ces cycles longs furent alors nommés « cycles de Kondratiev ». La théorie de Kondratiev s’appuie sur l’analyse de l’évolution des prix de 1790 à 1920 en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Chaque cycle de Kondratiev se découpe en 4 phases, qui sont :
- La phase de croissance ;
- La phase d’expansion ;
- La phase de ralentissement ;
- La phase de récession.
Les 4 phases du cycle de Kondratiev
Par son analyse, Kondratiev a voulu démontrer que ces cycles se forment à la suite d’innovations technologiques majeures qui engendrent des bouleversements économiques mondiaux.
La phase de croissance
Le cycle de Kondratiev commence toujours avec une période de grande innovation technologique. Prenons comme exemple la révolution industrielle du début du 19e siècle, qui se concrétise par l’invention par Denis Papin de la machine à vapeur, qui permet ensuite le développement du chemin de fer. S’ensuit alors une forte croissance économique, avec pour levier la création massive de nouvelles industries, ce qui explique cette phase de croissance.
La phase d’expansion
L’essor de ces nouvelles industries signe la période d’expansion, avec la croissance des industries en place et une augmentation de la productivité. L’industrie automobile florissante des années 1950-60, qui favorise à son tour le développement des réseaux routiers en Europe ainsi qu’aux États-Unis illustre bien cette phase d’expansion.
La phase de ralentissement
Puis les besoins diminuent et les marchés saturent, ce qui provoque une phase de ralentissement économique. Tout le monde se souvient de la crise pétrolière des années 70, qui met fin à 30 années de croissance et de plein-emploi.
La phase de récession
La dernière phase du cycle économique de Kondratiev, la phase de récession, porte donc bien son nom. Elle représente une période agitée, où l’instabilité politique s’accompagne de troubles sociaux, engendrés par une forte hausse du chômage, elle-même provoquée par une importante baisse de l’activité industrielle. Provoquée par le krach boursier américain du 29 octobre 1929, la crise économique des années 30 se prolongea ainsi jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
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L’influence du cycle de Kondratiev sur l’économie
Par sa théorie, Kondratiev a voulu démontrer l’impact de ces cycles sur l’économie mondiale, avec les observations suivantes, en phase ascendante ou en phase descendante.
Conséquences des phases ascendantes du cycle de Kondratiev
Pendant les phases ascendantes, un cercle vertueux se met en place :
- Les innovations technologiques sont toujours à l’origine d’un cycle. Elles occasionnent l’émergence de nouvelles industries, ce qui entraine des créations d’emplois et des augmentations de salaires. La hausse de productivité qui en découle stimule la croissance économique ;
- Les gouvernements et les banques centrales adaptent leurs politiques économiques en favorisant les investissements, ce qui engendre le développement des marchés et une expansion des échanges internationaux.
Conséquences des phases descendantes du cycle de Kondratiev
Pendant les phases descendantes, les conséquences se répètent, cycle après cycle :
- Les investissements s’amenuisent et les marchés se réduisent, occasionnant une diminution des échanges internationaux ;
- Les phases descendantes entraînent inévitablement des hausses du chômage et une stagnation des salaires ;
- Enfin, les gouvernements et les banques centrales adaptent leurs politiques économiques pour tenter de soutenir les secteurs en difficulté.
Les faiblesses du cycle de Kondratiev
Aucune théorie économique n’est universelle et à ce titre, le cycle économique de Kondratiev, présente également quelques défauts, soulevés par d’autres économistes :
- Certains économistes remettent en question la validité des données statistiques utilisées par Kondratiev, ce qui sème le doute sur la solidité de sa théorie ;
- Certains lui reprochent d’avoir appuyé sa théorie uniquement sur l’observation des prix, sans tenir compte des quantités de production, ce qui rend incomplète sa théorie des cycles ;
- Pour établir sa théorie des cycles, Kondratiev n’a pas tenu compte de certains facteurs, comme les guerres ou les épidémies. Or ces facteurs dits « exogènes » peuvent avoir un impact significatif sur le système économique et donc influencer le déroulement d’un cycle ;
- Il a donc été reproché à Kondratiev son déterminisme, car sa théorie suggère que les cycles sont prévisibles. Or l’incertitude est omniprésente puisque les facteurs exogènes sont imprévisibles par nature. Il est donc quasiment impossible de s’appuyer sur le cycle de Kondratiev pour anticiper le comportement du système économique ;
- Enfin, certains économistes remettent purement et simplement en question la théorie des cycles de Kondratiev. Selon eux, cette théorie n’en est pas vraiment une car elle n’est pas fiable, les cycles étant trop irréguliers.
Ces éléments tendent à démontrer que le cycle économique de Kondratiev ne peut se suffire à lui-même, même s’il constitue un support d’analyse intéressant. Il est donc plus sage de l’utiliser en complément d’autres théories économiques, comme celle des cycles de Juglar, qui se concentre sur les fluctuations des investissements et des crédits, ou celle des cycles de Kitchin, qui analyse les variations des stocks et des niveaux de production. Citons également la théorie des cycles hégémoniques de Modelski, qui s’appuie davantage sur une analyse géopolitique du système économique.
L’association de plusieurs théories permet ainsi d’utiliser des cycles de durées différentes et de considérer l’économie sous de multiples aspects afin d’obtenir une analyse plus complète des dynamiques économiques.