Environnement

Recyclage : où va l’huile de friture des restaurants ?

Pratiquement tous les professionnels de la restauration utilisent quotidiennement de l’huile de friture. Mais une fois usagée, cette huile devient un déchet particulièrement nocif pour l’environnement. Pour cette raison, elle ne peut pas simplement être jetée à la poubelle et doit donc faire l’objet d’un traitement adéquat pour éviter de se retrouver dans la nature, où elle polluerait les sols et les nappes phréatiques. Mais alors, où va l’huile de friture des restaurants ? Comment font les professionnels pour s’en débarrasser ? Existe-t-il une filière dédiée au recyclage de l’huile de friture usagée ? Faisons le point sur ces vraies questions environnementales.

L’huile de friture et ses défauts

Que ce soit pour l’assaisonnement, la cuisson ou la friture, l’huile végétale est quasiment indispensable en cuisine. Cependant, cet ingrédient incontournable peut rapidement se transformer en fléau environnemental après utilisation. L’huile est hydrophobe. Elle n’est donc pas la bienvenue dans les stations d’épuration, où elle altère gravement le traitement des eaux usées. En effet, l’huile de friture asphyxie les bactéries utiles au processus d’épuration, empêchant ainsi l’oxygénation de l’eau. S’il n’est pas non plus question de la mettre à la poubelle avec les autres déchets, il est encore moins envisageable de vider l’huile de friture usagée dans l’évier, car elle boucherait forcément les canalisations. C’est pourquoi depuis quelques années, son élimination est strictement encadrée, que ce soit pour les particuliers ou les professionnels. L’huile de friture des restaurants est à présent collectée pour être valorisée.

Collecte des huiles végétales usagées : que dit la loi ?

Le recyclage de l’huile de friture et autres huiles végétales alimentaires usagées est obligatoire. À cette fin, les restaurateurs sont tenus de les stocker dans des fûts étanches dont ils organisent ensuite la collecte par des sociétés spécialisées, agréées par la préfecture. Lors du passage de l’entreprise collectrice, un bon d’enlèvement est d’ailleurs établi et remis au professionnel pour attester qu’il s’est bien acquitté de cette tâche. En cas de contrôle de l’autorité administrative compétente, le restaurateur qui ne respecte pas cette procédure s’expose à une amende de cinquième classe.

À compter du 1er janvier 2012, les personnes qui produisent ou détiennent des quantités importantes de […] bio déchets sont tenues de mettre en place un tri à la source et une valorisation […] ou une collecte sélective de ces déchets pour en permettre leur valorisation de manière à limiter les émissions de gaz à effet de serre et à favoriser le retour au sol. Source : Article L541-21-1 du code de l’environnement

Recyclage de l’huile de friture

La valorisation de l’huile de friture usagée peut être effectuée de différentes façons. Depuis janvier 2001, la lipochimie est devenue le principal mode de valorisation des huiles et autres corps gras usagés. Après traitement, les déchets de ce type sont :

  • Soit acheminés vers des usines de production de biocarburant pour être transformés en composant énergétique. Le biodiesel ainsi produit peut ensuite être incorporé à du gasoil. Cette valorisation des huiles usagées permet de diminuer l’utilisation d’énergies fossiles, plus nocives pour la santé et pour l’environnement. En France, ce biodiésel ne peut être utilisé que par les véhicules agricoles. De plus, il est à noter qu’il est absolument illégal d’utiliser l’huile de friture usagée à l’état brut comme carburant ;
  • Soit épurés pour être utilisés dans l’industrie, entrant alors dans la composition de savons industriels, de lubrifiants, de détergents, de parfums ou encore d’arômes alimentaires ;
  • Soit utilisés pour la production d’électricité verte par le biais de la combustion.

Par ailleurs, les huiles non recyclables peuvent être directement utilisées comme combustible pétrolier. Enfin, les résidus après traitement des huiles usagées constituent ce que l’on appelle des « déchets ultimes ». En tant que tels, ils sont redirigés vers des sites d’enfouissement.

Lipochimie : le principe de la transestérification

La principale technique utilisée par lipochimie est la transestérification. Ce procédé consiste à mélanger l’huile à de l’éthanol ou du méthanol via un catalyseur, qui est en principe de l’hydroxyde de sodium ou de potassium. L’opération permet ainsi de diviser par trois la masse moléculaire de l’huile, de réduire de huit fois sa viscosité et d’augmenter sa volatilité, de façon à obtenir des esters éthyliques et méthyliques aux propriétés proches de celles du diesel.

L’huile de friture usagée ne peut donc pas être vidée dans les canalisations ou les évacuations collectives au risque de se figer et de les obstruer. Elle ne peut pas non plus être jetée tout simplement à la poubelle avec les autres déchets organiques et les ordures ménagères. Et elle peut encore moins être répandue dans la nature, où elle nuirait fortement aux écosystèmes et à l’environnement. Le recyclage de l’huile de friture des restaurants fait donc l’objet de traitements très particuliers. Il a d’ailleurs fallu procéder à la création d’une filière à part entière, exclusivement dédiée au recyclage de l’huile de friture, des huiles végétales et autres corps gras, afin d’éviter leur introduction dans les circuits classiques de traitement des déchets. Il a ensuite fallu mettre en place des procédés de transformation dédiés, dans lesquels la lipochimie joue un rôle essentiel. Enfin, le législateur a rendu obligatoire l’élimination de l’huile de friture usagée par la voie de cette filière de recyclage.

Sources :